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Frantz / François Ozon, réal.
Vidéo
Edité par Mandarin Production - 2017
Coup de cœur de la médiathèque.
Si le film s'appelle Frantz, Ozon adopte surtout le point de vue de sa fiancée, Anna, et de sa vie après la perte de l'être cher. Ou plutôt de sa survie. Car il s'agit bien, finalement, de survie, quand on ne ressent plus rien, sinon le vide, quand ce qui nous entoure a perdu ses couleurs. La caméra regarde donc en noir et blanc, afin de faire ressentir cet aspect morne, ce semblant de vie coincée entre la maison, la présence mortifère des parents de Frantz, un bout de rue et sa tombe sans dépouille dans un coin du cimetière. Toute la première partie du film se construit sur un discours, celui tenu par, Adrien, vibrant et sobre Pierre Niney, qui vient se présenter aux parents de Frantz comme ayant été ami de leur fils, à Paris, avant la guerre. Sa présence est l'occasion de faire revivre sa mémoire. Il rencontrera également Anna, fiancée endeuillée de Franzt, venue vivre auprès de ses futurs beaux-parents après avoir perdu toute sa famille pendant la guerre. Rencontre bouleversante, entre deux visages ravagés par les larmes. Rencontre qui se produit dans un cimetière, puisque cet espace consacré aux morts devient ici lieu de résurgence, de vie, abritant découverte amoureuse ou, plus tard, révélation décisive. En évoquant des anecdotes, des bons moments, où les couleurs se ravivent soudain à l'image. Comme s'ils étaient trop beaux pour être sincères.Ce sont les récits et les souvenirs qui font revivre pour un instant l'être cher et son image figée teintée de regret. Le film est avant tout un très joli portrait de femme. Paula Beer y est fragile, délicate, tout en imposant une présence rare à l'écran et une beauté qui chavire le coeur. Tout comme ses larmes bouleversantes à l'issue d'un acte final marqué par la fatalité. C'est elle qui porte le film sur ses épaules, même si Pierre Niney, lui aussi, délivre une prestation de qualité. Ozon signe ici un film aussi émouvant que fascinant, qui adopte le rythme de son héroïne qui semble remarcher doucement, un pas après l'autre, sur la douloureuse route du deuil. Convalescente, le coeur meurtri. Anna trébuche et se heurte à la réalité, aux faits, à ce qui ne pouvait pas arriver. Et pourtant, au bout du chemin, des larmes, il y a la lumière. Et l'envie de vivre.
Film en version allemande avec passages en français ; sous-titres français pour sourds et malentendants ; audiovision pour aveugles et déficients visuels ; essais costumes et lumière, scènes coupées, projets d'affiches, "Frantz" à Venise..
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Pierre Langlois - Le 12 septembre 2023 à 18:35